Questions - réponses sur l'espéranto

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Réponses à quelques lieux communs ou préjugés sur l'espéranto

Quelques éléments de grammaire espéranto

Grammaire de l'espéranto

 

Quelques citations sur l'espéranto

       "Il faudra que l'humanité crée une langue internationale; sa grammaire sera si simple qu'on pourra l'apprendre en quelques heures; il n'y aura qu'une seule déclinaison et une seule conjugaison; il n'y aura point d'exceptions ni irrégularités et les mots dériveront les uns des autres au moyen d'affixes."
       (20 novembre 1629. Lettre de René DESCARTES à son ami, le Père Mersenne)

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       "L’espérantisme a toujours eu pour objectif de rapprocher les hommes par-delà leurs différences raciales, culturelles et linguistiques et j’estime que, dans le monde troublé et dangereux qui est le nôtre, cette philosophie doit plus que jamais prévaloir. L’espéranto, considéré comme langue auxiliaire et respectant les langues et cultures nationales, me paraît avoir fait les preuves de son utilité comme le reconnaissent d’ailleurs de nombreux organismes internationaux."
       (Mme Michèle ALLIOT-MARIE, alors qu’elle était ministre de la Jeunesse et des Sports)

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       "Pour que les peuples s'entendent, il faut d'abord qu'ils entendent. Que l'espéranto rende l'ouïe à ces sourds dont chacun, depuis des siècles, est muré dans son langage."
       (Romain ROLLAND, prix Nobel de littérature, début XXe s.)

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       "Ce sont des idiomes existants qui, en se mêlant, fournissent l'étoffe [de l'espéranto]. Il ne faut pas faire les dédaigneux ; si nos yeux [...] pouvaient en un instant voir de quoi est faite la langue de Racine et de Pascal, ils apercevraient un amalgame tout pareil. [...] Il ne s'agit pas, on le comprend bien, de déposséder personne, mais d'avoir une langue auxiliaire commune, c'est-à-dire à côté et en sus du parler indigène et national, un commun truchement volontairement et unanimement accepté par toutes les nations civilisées du globe."
       (Michel BRÉAL, linguiste, XXe s.)

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       "Il est temps déjà que les diverses nations comprennent qu'une langue neutre pourra devenir pour leurs cultures un véritable rempart contre les influences monopolisatrices d'une ou deux langues seulement, comme ceci apparait maintenant toujours plus évident. Je souhaite sincèrement un progrès plus rapide de l'espéranto au service de toutes les nations du monde."
       Vigdis FINNBOGADOTTIR, présidente de la République d'Islande

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       "Chose curieuse, cette langue nouvelle est amplement utilisée déjà; elle fonctionne comme un organe de la pensée humaine, tandis que ses critiques et adversaires répètent encore comme une vérité ardente que les langues ne furent jamais des créations artificielles et doivent naître de la vie même des peuples, de leur génie intime. Ce qui est vrai, c'est que les racines de tout langage sont extraites en effet du fond primitif, et l'esperanto en est, par tout son vocabulaire, un nouvel et incontestable exemple, mais que ces radicaux peuvent être nuancés ingénieusement de la manière la plus directe, comme on l'a fait pour tous les arts et toutes les sciences; à cet égard, il n'y a point d'exception : tous les spécialistes ont leur langage technique particulier. L'inventeur de l'esperanto et ceux qui, dans tous les pays du monde, lui ont donné un énergique appui ne professent nullement l'ambition de remplacer les langues actuelles, avec leur long et si beau passé de littérature et de philosophie; ils proposent leur appareil d'entente commune entre les nations comme un simple auxiliaire des parlers nationaux."
       (Élisée RECLUS , "L'Homme et la Terre")

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       "L'espéranto deviendra certainement la langue commune de l'humanité."
       (BAKIN (Pa Kin, Bajin), écrivain chinois, président de l'Association des écrivains chinois, vice-président de la Ligue chinoise d'espéranto.)

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       "Une grande part des difficultés internationales résulte des malentendus entre des hommes de pays divers. C'est pourquoi je crois que l'espéranto, comme instrument de compréhension pour toute l'humanité, pourrait contribuer à une grande échelle au rapprochement réciproque des peuples. Il est une réponse à un grand besoin que le monde ressent aujourd'hui
.       Appartenant à des petites nations, nous sommes contraints d'apprendre les langues des grandes si nous voulons prendre part à la vie et au progrès du monde et avoir des relations politiques, scientifiques, commerciales et culturelles. C'est humiliant pour les petites nations. Seule une langue neutre comme l'espéranto pourrait éliminer cette dépendance culturelle."
       (Ali Gerard JAMA, ministre somalien de l'Éducation, 1960)

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       "Je suis persuadé qu'une langue internationale du type de l'espéranto est nécessaire. Celui qui parle plusieurs langues peut reconnaitre que l'espéranto est une langue élaborée avec succès. J'ai été saisi par la simplicité de l'espéranto, par la logique de sa structure grammaticale. La finalité de cette langue constitue l'une des pensées humaines les plus grandioses."
       (Bertalan FARKAS, premier cosmonaute espérantiste. Hongrois. A appris l'espéranto en 1971)

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       "Depuis longtemps déjà, le problème d'une langue auxiliaire internationale n'est plus seulement une théorie. L'espéranto a résolu ce problème ; il a réalisé la théorie et l'a transférée dans la pratique. Durant des décennies, dans de nombreux pays, non seulement des joyaux des littératures nationales ont été traduits, mais de très nombreuses œuvres sont parues, écrites à l'origine en espéranto. [...]
       L'espéranto a réussi jusqu'à maintenant à passer tous les examens auxquels il a été soumis du côté de la science et de la technique, de la politique et du commerce, de la pédagogie et de la littérature. Quelle preuve de plus les sceptiques ont-ils donc besoin sur le caractère approprié de l'espéranto ? Rien que l'expérience personnelle au lieu du préjugé insensé !"
       (Franz JONAS, président de la République d'Autriche. Extrait du discours prononcé en espéranto à l'occasion de l'ouverture du 55ème Congrès universel d'espéranto, à Vienne en 1970)

       Plus récemment encore, en juillet 2004, Heinz Fischer, dont les parents étaient espérantophones et qui ne cache pas son opinion très favorable à l'espéranto, a accédé à la présidence de l'Autriche, rejoignant en cela l'ancien président Franz Jonas, qui parlait couramment cette langue. Heinz Fischer a dit notamment:
       "C'est pourquoi je vois avec bienveillance un renforcement dans l'avancée de l'espéranto en Autriche afin de donner une vraie chance à cette langue dans une Europe unifiée."
       http://www.u-matthias.de/latino/latin_fr.htm

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       "Cette langue [l'espéranto] est nécessaire pour la vie internationale, extrêmement nécessaire. Si elle se répendait à travers le monde, ce serait une véritable bénédiction pour l'humanité."
       (John BOYD ORR of BRECHIN, prix Nobel, pacifiste anglais, féléraliste mondial, ancien président du Conseil international de la paix et de la Ligue mondiale des organisations pacifistes)

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       "La nécessité logique d'une langue internationale dans les temps modernes présente un étrange contraste avec l'indifférence et même l'opposition avec laquelle la majorité des hommes regarde son éventualité. Les tentatives effectuées jusqu'à maintenant pour résoudre le problème, parmi lesquelles l'espéranto a vraisemblablement atteint le plus haut degré de succès pratique, n'ont touché qu'une petite partie des peuples.
       La résistance contre une langue internationale a peu de logique et de psychologie pour soi. L'artificialité supposée d'une langue comme l'espéranto, ou une des langues similaires qui ont été présentées, a été absurdement exagérée, car c'est une sobre vérité qu'il n'y a pratiquement rien de ces langues qui n'ait été pris dans le stock commun de mots et de formes qui ont graduellement évolué en Europe."
       (Edward SAPIR, linguiste américain, Encyclopaedia of Social Sciences, 1950, vol. IX, p. 168)

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       "Ce serait un grand pas sur la voie de l'unité mondiale si l'on enseignait l'espéranto aux enfants du monde entier. Il est simple mais pleinement expressif, et il permettrait que nous dialoguions l'un avec l'autre où que nous voyagions. Le nom espéranto signifie « langue de l'espoir ». Si les hommes du monde entier pouvaient communiquer, l'un des obstacles importants à l'unité et l'harmonie serait rompu, et l'objectif de la coopération universelle serait accessible."
       (David McKENZIE, parlementaire fédéral, 6 mars 1973, lors d'une intervention devant le Parlement australien)

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       "La langue chinoise diffère beaucoup des langues occidentales. Dans la situation actuelle, la Chine ne peut absolument pas ne pas entrer en contact avec d’autres pays et ne peut pas ne pas apprendre quelques chose des autres pays. Pour cette raison, la Chine ne peut se dispenser d’avoir une langue auxiliaire, et l’espéranto est la mieux adaptée"
       "Si la première langue apprise sera l’espéranto, ceci aidera certainement à l’apprentissage d’une seconde langue étrangère."
       (TSAÏ Yuanpaï, ministre de l'Éducation du gouvernement provisoire de Sun Yat Sen, recteur de l'université de Pékin à partir de 1917, éminent pédagogue)

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       "L'espéranto, comme langue de début, encouragerait beaucoup de personnes à risquer l'accès aux autres langues étrangères. Enfin, à propos de cela, on pourrait établir et suivre le principe : bien apprendre de préférence une langue facile que mal apprendre une difficile."
       (Max MANGOLD, professeur de phonétique et de phonologie, Université de Sarrebrück)

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       "Le recours à une langue étrangère en Inde pour assurer l'enseignement supérieur a causé à la nation un préjudice moral et intellectuel incalculable. Nous sommes encore trop rapprochés de cette période pour mesurer l'énormité du dommage subi. Et c'est un tour de force presque impossible que d'avoir à juger nous-mêmes cette éducation dont nous sommes également les victimes.
       Il me faut aussi préciser les raisons qui m'ont conduit à poser de telles conclusions. Pour ce faire, le mieux est, je crois, de faire part de ma propre expérience.
       Jusqu'à l'âge de 12 ans, tout l'enseignement me fut donné en gujarati, qui est ma langue maternelle. J'avais alors quelques rudiments d'arithmétique, d'histoire et de géographie. Puis, j'entrai au lycée où pendant trois années encore, je reçus mon enseignement dans la langue maternelle. Mais le rôle du professeur était de faire rentrer l'anglais dans la tête des élèves par tous les moyens. C'est pourquoi plus de la moitié de notre temps se passait à étudier l'anglais et à maîtriser l'orthographe et la prononciation si arbitraires de cette langue.
       Je découvris avec tristesse qu'il me fallait apprendre une langue dont la prononciation ne correspondait pas à l'orthographe. Quelle drôle d'expérience que d'avoir à apprendre par coeur l'orthographe des mots. Mais c'est là une parenthèse sans grand rapport avec mon sujet. Donc, quoi qu'il en soit, au cours de ces trois premières années de lycée tout se passa relativement bien.
       Le supplice commença avec la quatrième année. Il fallait tout apprendre en anglais géométrie, algèbre, chimie, astronomie, histoire et géographie. La tyrannie de l'anglais s'étendait si loin qu'il fallait passer par cette langue et non par la nôtre pour apprendre le sanskrit ou le persan. Si un élève s'exprimait dans sa propre langue, le gujarati, on le punissait. II n'importait nullement au professeur que l'enfant parlât mal l'anglais et qu'il fût incapable de le prononcer correctement ou de le comprendre parfaitement.
       Pourquoi le maître aurait-il dû s'en inquiéter ? Lui-même parlait un anglais qui était loin d'être parfait. Il ne pouvait pas en être autrement. L'anglais était unelangue étrangère aussi bien pour lui que pour ses élèves. Le résultat était catastrophique. On nous donnait à apprendre par coeur beaucoup de choses que nous étions loin de toujours comprendre parfaitement et qu'il nous arrivait même souvent de ne pas comprendre du tout. La tête me tournait quand le professeur s'escrimait à nous faire comprendre ses démonstrations de géométrie. Je n'ai d'ailleurs pas saisi un traître mot de cette discipline avant d'avoir atteint le treizième théorème du premier livre d'Euclide (sic).
       Et je tiens à avouer au lecteur que malgré tout mon amour pour ma langue maternelle, je ne sais pas encore, arrivé à ce jour, traduire en gujarati les termes techniques de géométrie, d'algèbre, etc. Je sais à présent que si l'enseignement avait pu se faire en gujarati, et non en anglais, il m'aurait suffi largement d'une seule année au lieu de quatre pour en apprendre tout autant en arithmétique, en géométrie, en algèbre, en chimie et en astronomie.
       La compréhension de ces matières m'aurait paru plus facile et plus claire. Mon vocabulaire en gujarati aurait été plus riche. On aurait pu, chez moi, profiter de ces connaissances. Mais le fait de les avoir acquises en anglais créait une barrière infranchissable entre ma famille et moi, car eux n'étaient pas passés par des écoles anglaises.  Mon père ignorait tout de ce que je faisais. Même si j'avais voulu, je n'aurais pu l'intéresser à ce que j'étudiais. Car, malgré sa grande intelligence, il ne savait pas un mot d'anglais. Ainsi, je devenais rapidement un étranger dans ma propre maison. J'étais certainement devenu quelqu'un ! Même dans ma manière de m'habiller il se produisait d'imperceptibles changements. Ce qui m'arrivait là n'avait rien d'exceptionnel. C'était le cas d'un grand nombre de mes camarades.
       Les trois premières années de lycée ajoutèrent peu à mon bagage de connaissances générales. Elles étaient destinées à nous préparer à recevoir tout enseignement en anglais. Ces lycées étaient des écoles pour la conquête culturelle qu'opéraient les Anglais. Le savoir acquis par les trois cents garçons de mon école correspondait en fait à une conquête limitée. On ne pouvait pas le transmettre à l'ensemble du peuple. Un mot sur la littérature. Nous devions apprendre plusieurs livres de poésie et de prose anglaises. Nul doute que tout ceci était fort beau. Mais ces connaissances ne m'ont été d'aucune utilité pour servir mon peuple ou me rapprocher de lui. Je suis dans l'impossibilité de dire qu'il me manquerait un trésor précieux si j'ignorais tout de la poésie et de la prose anglaises.
       Si, à la place, j'avais passé ces précieuses sept années à maîtriser le gujarati et si, en même temps, j'avais appris en gujarati les mathématiques, les autres sciences et le sanskrit, il m'aurait été facile de faire profiter mon entourage de mes connaissances. J'aurais pu enrichir le lexique gujarati et qui sait, si avec mon acharnement coutumier et mon amour démesuré pour mon pays et ma langue maternelle, je n'aurais pas réussi à servir les hommes d'une manière plus féconde et plus large ?
       Il ne faut pas me prêter l'intention de vouloir dénigrer l'anglais ou sa noble littérature. Les colonnes du Harij en témoignent suffisamment en faveur de mon amour de l'anglais. Mais la noblesse de sa littérature ne peut être guère plus utile à la nation indienne que le climat tempéré de l'Angleterre ou son paysage. L'Inde doit s'épanouir sous un climat, dans un cadre et selon une littérature qui lui appartiennent en propre, même si tous trois ne valent pas ceux qu'on trouve en Angleterre.
       Nous devons, nous et nos enfants, bâtir sur notre propre héritage. Nous l'appauvrissons dans la mesure où nous empruntons à celui d'un autre. Les nourritures qui viennent de l'étranger ne pourront jamais nous faire grandir. Je tiens à ce que le pays parvienne à la connaissance des trésors d'une culture étrangère au moyen de ses langues vernaculaires. Je n'ai pas besoin d'apprendre le bengali pour connaître les beautés de l'oeuvre incomparable de Rabindranath. Je peux y avoir accès grâce à de bonnes traductions. Ceux qui parlent gujarati n'ont pas à étudier le russe pour apprécier les nouvelles de Tolstoy. Ils peuvent en prendre connaissance dans une bonne traduction. Les Anglais se vantent de pouvoir, en une semaine, publier les meilleures productions de la littérature mondiale et les mettre à la disposition de leurs lecteurs traduites dans un anglais facilement accessible. Il est inutile d'apprendre l'anglais si je veux connaître ce qu'il y a de mieux dans la pensée et les écrits de Shakespeare et Milton. Ce serait faire une bonne économie que de mettre à part un groupe d'étudiants dont le travail serait d'apprendre dans les différentes langues du monde ce qu'on peut y trouver de plus précieux, et, ensuite, d'en donner la traduction dans leur langue vernaculaire. Nos maîtres s'y sont mal pris avec nous, et l'habitude aidant, l'anomalie fait figure de norme...
       Les universités devraient être indépendantes. L'État ne prendrait à sa charge que ceux dont il a besoin pour ses services, et pour le reste, il encouragerait l'initiative privée. Il faudrait aussi, à tout prix et immédiatement, ne plus se servir de l'anglais pour assurer l'enseignement, mais redonner aux langues de chaque province la place qui leur convient. Je préférerais assister à la désorganisation temporaire de l'enseignement supérieur plutôt que de voir se perpétuer jour après jour ce gâchis criminel..."
       (...)
       "Je suis pour un même calendrier pour le monde entier, comme je suis pour une même monnaie pour tous les peuples et pour une langue auxiliaire mondiale comme l'espéranto pour tous les peuples."
       (GANDHI (Mohandas Karamchand), dit le Mahatma, "la Grande Âme" (1869 - 1948), philosophe, ascète et homme politique indien)

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       "Les sacrifices que fera tout homme de notre monde européen en consacrant quelques temps à l'étude de l'espéranto sont tellement petits, et les résultats qui peuvent en découler tellement immenses, qu'on ne peut pas se refuser à faire cet essai."
       (Léon TOLSTOÏ (1828 - 1910), écrivain russe)

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       "On peut affirmer avec une certitude absolue que l'espéranto est de huit à dix fois plus facile que n'importe quelle langue étrangère et qu'il est possible d'acquérir une parfaite élocution sans quitter son propre pays. Ceci est en soi un résultat très appréciable."
       (Inazo NITOBE (1862 - 1933) scientifique, membre de l'Académie Impériale du Japon. "Esperanto as an International Language" (1922), rapport réalisé en tant que Sous-Secrétaire Général de la Société des Nations)

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       "Ce que je souhaite, et ce que je souhaite vivement, ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que les nations se soucient d'abord de tout ce qui peut les rapprocher, de tout ce qui peut les amener à une compréhension et à une tolérance mutuelle - et dans ce domaine-là une seconde langue, vraiment internationale et commune, peut être - cela va de soi - d'extrême conséquence, d'une bienfaisance sans prix, pour les générations à venir...
       L'espéranto n'est pas du tout une langue uniforme, une langue robot, mais, au contraire, une langue naturelle et souple...
       L'espéranto est en mesure d'exprimer les nuances les plus subtiles de la pensée et du sentiment, elle est propre à permettre, par conséquent, l'expression la plus juste, la plus littéraire, la plus esthétique et de nature à satisfaire les esprits les plus ombrageux et les plus particularistes, et il ne peut pas porter ombrage aux fidèles des langues nationales..."
       (Maurice GENEVOIX (1890 - 1980) écrivain français. Interview à la radio sur la chaîne nationale par Pierre Delaire, le 18 février 1955, extraits)

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       "La clé d'une langue commune, perdue dans la Tour de Babel, peut être seulement construite par l'usage de l'espéranto."
       (Jules VERNE (1828 ­ 1905), écrivain français)

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       Plus anecdotique, mais possible témoignage indirect : dans le film de Charles Chaplin, Le Dictateur, les panneaux et les enseignes du quartier juif sont en espéranto (vestaĵoj = vêtements), peut-être pour donner plus d’universalité à la minorité opprimée ?

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       "Quand j'aurai une pièce à faire traduire à l'étranger, je la ferai d'abord traduire en espéranto ; cette traduction faite, on l'enverra à l'étranger à un espérantiste compétent qui la traduira dans sa langue maternelle."
       (Constata Tristan Bernard, écrivain, après avoir suivi une expérience de traduction en six langues dont l'espéranto d'un texte littéraire, puis de sa re-traduction en français.)

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       "(…) Mais l'espéranto pourrait un jour, grâce à une évolution spontanée qui le rapprocherait des langues naturelles, acquérir tous ces traits en devenant moins régulier. En outre, dans le domaine non littéraire des ouvrages techniques ou savants, il s'est acquis un prestige et une efficacité dont témoignaient, à la fin du XIXe et au début du Xxe siècle, les nombreux congrès où des représentants des nations les plus diverses s'entretenaient en espéranto."
       (Claude HAGEGE, dans Le Souffle de la langue, éd. Odile Jacob, 1992)

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       "L'espéranto est une langue fort bien faite, d'une cohérence absolue et fondée sur une idéologie humaniste de grande valeur."
       (Henriette WALTER, linguiste française, 2005)

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       "La grande différence de l’espéranto dont j’ai préconisé hier à mes auditeurs la diffusion est de n’être pas le résultat provisoire d’une longue histoire hasardeuse au cours de laquelle une langue s’est peu à peu forgée, mais d’avoir été pensée dès le départ avec un objectif : permettre la communication entre les individus et entre les peuples avec le minimum d’effort. Il semble que cet objectif que s’était donné son créateur Ludwik Zamenhof ait été véritablement atteint. Devenir capable de communiquer en espéranto demande, affirment les spécialistes, 7 ou 8 fois moins d’apprentissage que pour toute autre langue. J’ai personnellement un très mauvais souvenir des milliers d’heures, certainement, que j’ai consacrées avec un horrible rendement à apprendre au Lycée l’anglais et l’allemand. Le résultat de tous ces efforts que j’ai fait avec beaucoup de constance est tout à fait dans mon cas lamentable.

       Je suis capable de lire avec une bonne approximation un texte anglais, surtout s’il est technique et pas trop littéraire, mais je ne peux déchiffrer un texte allemand et surtout, je suis incapable de suivre une conversation que ce soit en anglais ou en allemand. Peut-être étais-je, comme on dit, un sous doué pour les langues, mais j’aurais certainement moins perdu mon temps à m’initier à l’ESPERANTO. Cette langue, dont la grammaire tient en une seule page et dans laquelle les fautes d’orthographe sont pratiquement impossibles. En effet, en espéranto, la terminaison d’un mot indique son genre : o pour les noms, a pour les adjectifs, e pour les adverbes, i pour l’infinitif des verbes, etc. Une série limitée de préfixes et de suffixes permet de moduler le sens à partir d’une racine et cette racine, bien souvent est la même que pour la langue française. Je ne nie pas l’intérêt de l’apprentissage d’une langue avec l’objectif de pénétrer la culture d’un peuple, mais, il serait sans doute utile de dissocier cet objectif de celui de la communication avec ceux qui parlent cette langue.

       Actuellement, l’engouement pour l’anglais où les parents d’élèves mettent presque systématiquement en première langue n’est pas le signe d’une particulière affinité pour la culture anglaise. Il est surtout pragmatique. Ces parents imaginent une société où la langue anglaise sera partout pratiquée et qu’il est par conséquent nécessaire de donner cet outil à leurs enfants. Mais ce faisant, ils contribuent à rendre réelle cette prédominance par le simple fait qu’ils y croient. Pour éviter de cercle vicieux, pour en sortir, il serait judicieux de rendre l'espéranto obligatoire, au même titre, non pas que l’anglais ou l’allemand, mais que la géographie, l’histoire ou les mathématiques. A quand des livres de maths rédigés en espéranto ?"
       (Albert JACQUARD, scientifique et essayiste français ; chronique sur France Culture du 16/07/04)

***

Le Rapport de François GRIN

       L'enseignement des langues étrangères comme politique publique (Genève, 12 septembre 2005) a été commandé par Le Haut Conseil de l'évaluation de l'école, France (extraits).

       Les principaux résultats de la comparaison entre scénarios sont les suivants :

       1) le Royaume-Uni gagne, à titre net, au minimum 10 milliards d'Euros par année du fait de la dominance actuelle de l'anglais ;
       2) si l'on tient compte de l'effet multiplicateur de certaines composantes ... ce total est de 17 à 18 milliards d'Euros par année ;
       3) ce chiffre serait certainement plus élevé si l'hégémonie de cette langue venait à être renforcée par une priorité que lui concéderaient d'autres États, notamment dans le cadre de leurs politiques éducatives respectives ;
       4) ce chiffre ne tient pas compte de différents effets symboliques (comme l'avantage dont jouissent les locuteurs natifs de la langue hégémonique dans toute situation de négociation ou de conflit se déroulant dans leur langue) ; cependant, ces effets symboliques ont sans doute aussi des répercussions matérielles et financières ;
       5) le scénario « plurilingue » (qui peut, en pratique, revêtir des formes très différentes, dont une est analysée ici) ne réduit pas les coûts, mais les inégalités entre locuteurs...
       6) le scénario « espéranto » apparaît comme le plus avantageux, car il se traduirait par une économie nette, pour la France, de près de 5,4 milliards d'Euros par année et, à titre net pour l'Europe entière (Royaume-Uni et Irlande compris), d'environ 25 milliards d'Euros annuellement. (p.7)

       Les fréquentes réactions de rejet à l'égard de l'espéranto rendent impraticable la mise en œuvre à court terme du scénario 3. Il peut par contre être recommandé dans le cadre d'une stratégie de long terme à mettre en place sur une génération. Deux conditions sont toutefois critiques pour son succès : premièrement, un très gros effort d'information, afin de surmonter les préventions qui entourent cette langue - et qui sont en général basées sur la simple ignorance - et d'aider les mentalités à évoluer ; deuxièmement, une véritable coordination entre États en vue de la mise en œuvre commune d'un tel scénario. Quatre-vingt cinq pour cent de la population de l'Europe des 25 y a un intérêt direct et évident, indépendamment des risques politiques et culturels que comporte l'hégémonie linguistique. ...(p.7)

1.2 TROIS DIMENSIONS CLEFS des ENJEUX.

       Comme le remarque Claude Hagège : « on s'aperçoit que la défense du français par la francophonie ou par le club francophone, ce n'est pas la défense du seul français, mais celle d'un modèle menacé de provincialisation par la diffusion mondiale de l'anglais » (Hagège, in Bourdieu et al., 2001 : 57) (p.15)

       Plus précisément, il est devenu clair que la défense de la langue française et la rhétorique qui l'entoure ne peuvent plus servir d'axe général pour l'articulation d'une politique linguistique ni, a fortiori, d'une politique de l'enseignement des langues étrangères. À présent, on s'accorde à dire que la défense du français n'a de sens et n'est réalisable que dans le cadre de la défense de la diversité linguistique et culturelle. Un discours sur la politique d'enseignement des langues étrangères n'aurait guère de sens s'il n'est pas ancré dans une politique de gestion de la diversité. (p.16)

(…)

       1) une position de quasi-monopole sur les marchés de la traduction et de l'interprétation vers l'anglais, de la rédaction de textes en anglais, de la production de matériel pédagogique pour l'enseignement de l'anglais et de l'enseignement de cette langue ;
       2) l'économie de temps et d'argent dans la communication internationale, les locuteurs non-natifs faisant tous l'effort de s'exprimer en anglais ;
       3) l'économie de temps et d'argent pour les anglophones, grâce au fait qu'ils ne font plus guère l'effort d'apprendre d'autres langues ;
       4) le rendement de l'investissement, dans d'autres formes de capital humain, des ressources que les anglophones n'ont plus besoin d'investir dans l'apprentissage des langues étrangères ;
       5) la position dominante des anglophones dans toute situation de négociation, de concurrence ou de conflit se déroulant en anglais. (pp.65-66)

       L'existence même de ces effets distributifs est peu connue ; il faut dire que les travaux qui les signalent (certains effets sont déjà mentionnés, en français, depuis longtemps déjà ; voir par ex. Carr, 1985) sont restés relativement confidentiels. À ce jour, ils n'ont pas fait l'objet d'évaluation détaillée (Grin, 2004a) ; mais les estimations préalables effectuées dans le chapitre 6 indiquent que ces montants se chiffrent en milliards d'Euros annuellement. Dans tout autre domaine de la politique publique, de tels transferts seraient immédiatement dénoncés comme inacceptables. (p.66)

       (...) il est possible de passer par l'enseignement des langues étrangères pour contenir l'hégémonie linguistique. (p.68)

       C'est pour cela qu'il convient de rappeler l'existence d'une stratégie tierce, à savoir l'investissement sur le long terme, et nécessairement coordonné entre États membres de l'Union, dans l'enseignement de l'espéranto. Le but de ce rapport n'est pas de défendre cette option dans l'absolu, car on sait qu'elle suscite bien souvent des réactions passionnelles ou qu'elle est immédiatement rejetée sans aucun argument, ou sur la base d'arguments d'une assez étonnante ignorance (Piron, 1994, 2002). Cependant, comme on va le voir dans le chapitre 6, c'est sans doute la meilleure des solutions, à moins que l'on puisse garantir la stabilité d'un scénario véritablement plurilingue, auquel cas le plurilinguisme est sans doute préférable : on peut en effet penser que pour beaucoup d'Européens, c'est bien le plurilinguisme qui exprime le mieux l'identité collective de l'Europe ; on rapprochera cette perception de l'idée, qui va au-delà de la boutade, selon laquelle la langue de l'Europe, c'est la traduction. (p.70)

       Il faut toutefois rappeler l'évidence : le recours à l'espéranto règle d'un seul coup tous les problèmes d'équité signalés plus haut ; et l'apprentissage de cette langue est considérablement moins coûteux (d'un facteur d'au moins 1 à 5 ; certains auteurs parlent d'un facteur de 1 à 10) que l'apprentissage de l'anglais. Le recours à l'espéranto est donc dans l'intérêt évident de plus de 85% des citoyens européens, surtout après l'élargissement survenu en 2004. 52 Étant donné la réputation de ringardise que véhicule l'espéranto, cette dernière conclusion peut surprendre, surtout dans le cadre d'une approche qui se réfère à des concepts économiques ; on signalera toutefois que parmi les avocats de cette solution, on compte un Prix Nobel d'économie, Reinhard Selten (voir Selten, 1998). Cela dit, une recommandation de ce type n'aurait, à l'heure actuelle, aucun avenir politique, quels que puissent être les arguments cités à son appui. (p.70)

6.2 LES ENVIRONNEMENTS LINGUISTIQUES.

       Deuxièmement, l'apprentissage de l'espéranto est considérablement plus rapide que celui de toute autre langue et, à des degrés divers, cette supériorité se manifeste indépendamment de la langue maternelle de l'apprenant. (p.74) (…)

       Je me bornerai donc à citer ici Haszpra, étant entendu que la question mériterait, le cas échéant, d'être traitée de façon considérablement plus détaillée : « [les professeurs d'espéranto] peuvent être formés très rapidement à partir de l'effectif actuel de professeurs [de langues]. Les professeurs de langue ont une compétence d'apprentissage des langues supérieure à la moyenne et sont déjà formés à la méthodologie de l'enseignement des langues. Pour eux, un cours d'espéranto de 200 heures est à l'évidence plus que suffisant pour qu'ils deviennent capables de commencer à l'enseigner […].

       Information et évolution des mentalités La deuxième condition est que l'on parvienne à surmonter toutes sortes de préventions fort répandues. Ceci exige un très gros effort d'information (au public, aux politiques, aux administrations, aux médias, aux décideurs du secteur privé) et de flexibilité intellectuelle afin de faire évoluer les mentalités (selon toute apparence, chez les mêmes groupes d'acteurs).(p100)

7.3 CONCLUSION GÉNÉRALE. (pp.105-106)

       Le constat final peut sembler amer. La politique que recommandait le "Rapport de la Commission du débat national sur l'avenir de l'École" est assurément la plus simple ; on a toutefois pu voir, au fil de la présente étude, que d'un point de vue de politique publique, c'est peut-être la plus mauvaise des solutions. Ce n'est pas, et de très loin, la meilleur marché ; c'est par ailleurs la plus inéquitable ; et elle condamne le français, et avec lui toutes les langues d'Europe sauf l'anglais, à la provincialisation. Certains parleraient même d'inféodation, avec toutes les conséquences géopolitiques et culturelles incalculables que cela comporte. Si une solution aussi peu attrayante est souvent recommandée, c'est sans doute parce qu'elle résulte d'une analyse effectuée à l'intérieur d'un cadre trop restreint. Étant donné qu'en l'absence de coordination, il existe une forte incitation à converger vers l'anglais, il est effectivement tout à fait logique de recommander qu'on l'enseigne et qu'on l'apprenne. Mais cela revient à ignorer toute la dynamique des langues. Celle-ci doit être prise en compte autant pour l'analyse que pour la formulation de recommandations. Le caractère très particulier de la langue, qui en tant qu'outil de communication donne naissance à des réseaux, mais qui est aussi un élément crucial de l'identité individuelle et collective, interdit les solutions simplistes. Il n'est guère surprenant, somme toute, que le fait de ne pas tenir compte (ou pas assez) de cette complexité puisse conduire à des choix inefficaces en termes d'allocation des ressources, injustes en termes de distribution des ressources, dangereux pour la diversité linguistique et culturelle, et très préoccupants en termes géopolitiques, tout en ayant l'apparence trompeuse de l'évidence.

       Il est donc nécessaire, pour sortir de l'impasse, d'élargir le cadre de la réflexion et de repenser la question de l'enseignement des langues étrangères avec une logique plus vaste, dans laquelle un plus grand nombre de paramètres puissent être réexaminés. L'une des conséquences les plus importantes d'un tel élargissement est qu'il replace la possibilité d'une coordination entre États au centre de l'élaboration des stratégies.

       Dès que le cadre est ainsi élargi, le problème change du tout au tout : s'il n'est pas facile, il devient soluble - pour le plus grand bénéfice du contribuable, de la justice sociale, et de la diversité des langues et des cultures. (p.106)

FIN DES EXTRAITS

       Lien pour télécharger au format PDF (696 Ko) le rapport de François GRIN : L'enseignement des langues comme politique publique (septembre 2005) : http://cisad.adc.education.fr/hcee/documents/rapport_Grin.pdf.

       Remarque importante : à la réception de ce rapport, le Haut conseil de l'évaluation a transmis un avis au Ministère de l'éducation nationale. Dans cet avis, le troisième scénario envisagé par le professseur Grin ainsi que toute référence à la langue internationale Espéranto envisagé comme solution à l'enseignement des langues est totalement absent. Pourquoi ? (Avis du Haut conseil de l'évaluation de l'école, HCEE, n°19, octobre 2005)

       François GRIN :

       Doctorat en sciences économiques et sociales, mention économie politique, en 1989. Université de Montréal (1989-1991 et 1992-1993), University of Washington (Seattle) (1991-1992), Université de Genève (1993-1998) Université de Fribourg (1998), Vice-direction du Centre européen pour les questions de minorités (European Centre for Minority Issues, ECMI) à Flensburg, en Allemagne (1998 à 2001). Actuellement professeur d'économie à l'Ecole de traduction et d'interprétation (ETI) de l'Université de Genève Directeur-adjoint du Service de la recherche en éducation (SRED) du Département genevois de l'instruction publique. Professeur invité à l'Université de la Suisse italienne (USI) où il enseigne le cours de 'Contesti multiculturali e multilingui della formazione'.