Il existe
déjà 6000 langues environ,
alors pourquoi une de plus ?
L'espéranto n'est
pas une langue comme les autres.
Il a été spécialement
conçu pour être une langue de communication entre les langues
nationales ou ethniques, en respectant une sorte de cahier des
charges que son inventeur avait bien clair à l'esprit : un tel
outil devait être précis, facile à l'oral, à l'écrit, et facile
à apprendre.
Zamenhof a génialement
réussi, en puisant dans diverses langues européennes pour le
lexique, et avec une grammaire plutôt asiatique (langue agglutinante
et isolante).
La preuve en est
que la greffe a pris : sa langue a trouvé des locuteurs passionnés
qui ont développé la langue au fil du 20e siècle, enrichissant
son vocabulaire, peaufinant son usage, tout en conservant ses
qualités intrinsèques.
L'espéranto s'enrichit et vit comme toute autre langue vivante,
mais il a gardé sa totale régularité, son côté rationnel, tout
en étant extrêmement souple, et surtout son apprentissage demeure
8 à 10fois plus rapide, à niveau égal.
Cette facilité d'apprentissage
a toujours été confirmée par toutes les expériences menées par
des non-espérantistes, dans des écoles primaires au cours du
20e siècle (malheureusement ces rapports finissent toujours
au placard), et les essais comme langue de traduction ont confirmé
sa fiabilité et sa précision.
Une remarque sur
l'inertie des décideurs : on doit leur concéder une circonstance
atténuante, à savoir que toute invention trop novatrice met
du temps à s'imposer.
Or, si des centaines
de langues artificielles ont été inventées, parfois par jeu
de linguiste ou d'amateurs, parfois sérieusement, l'espéranto
est la seule de ces langues à s'être répandue mondialement,
à permettre des congrès, des rencontres, des radios, des journaux,
des livres, des traductions, des forums, à pouvoir actualiser
son vocabulaire, bref, à vivre sa vie comme n'importe quelle
langue vivante.
Au début du 20e siècle,
des équipes de linguistes de renom se sont constituées, essayant
de faire mieux, d'améliorer l'espéranto : l'interlingua et l'ido
sont ainsi le fruit de ce travail collectif, mais n'ont pas
connu le même succès, peut-être parce qu'ils se sont trop rapprochés
des langues indo-européennes et ont perdu la régularité. Le
linguiste Edward Sapir est d'ailleurs revenu à l'espéranto.
Il semble que le
hasard des dons linguistiques de Zamenhof et de son enfance
dans une ville déchirée entre quatre communautés ait produit
ce que plusieurs groupes d'éminences n'ont pu réaliser. En Afrique,
hormis le swahili, le Ghanéen Attobrah est l'auteur de l'afrihili.
Au Vietnam, la lingua sistemfrater a pris un peu comme l'espéranto
une grammaire asiatique et un lexique largement gréco-latin.
Quelles que soient
les causes, la situation est claire : seul l'espéranto s'est
développé sur tous les continents, a gardé sa structure et son
originalité, sa facilité, son évolutivité. C'est un phénomène
culturel unique au monde (les autres succès similaires, hébreu
moderne, swahili, italien et russe, indonésien, étaient basés
sur une religion ou un pays) dont les linguistes "officiels"
commencent à reconnaître la profonde originalité.
Certains linguistes
bien sûr l'avaient compris mais avec le temps, d'autres ressassaient
les clichés habituels sur une langue artificielle sans culture,
etc.
Pourtant, récemment,
le gros pavé d'un groupe de linguistes français reconnaît le
caractère unique et atypique de l'espéranto. Aux origines
des langues et du langage, sous la direction de J-M Hombert,
éd. Fayard (fin 2005) :
"Une communauté
de locuteurs, certes limitée en nombre (1 à 10 millions) et
disséminée, mais fortement motivée. Le mouvement espérantiste
connaît d'ailleurs un regain d'activité remarquable grâce à
l'extraordinaire outil de diffusion que représente Internet.
L'espéranto a été reconnu par des organismes internationaux
comme l'Unesco, et fait l'objet de thèses de doctorat.
(…)
Comment se fait-il
qu'aucune de ces langues - l'espéranto mis à part - n'ait
réussi à s'imposer, à conquérir un large public de locuteurs
ou à convaincre de grandes administrations/institutions ? Il
faut sans doute en conclure que rien ne peut remplacer la dynamique
des langues naturelles et des locuteurs qui les font vivre et
s'adapter aux changements du monde."
C'est nous qui avons
souligné en gras la mention "l'espéranto mis à part",
car si la conclusion est pessimiste quant à l'évolutivité des
langues construites, l'espéranto est clairement reconnu comme
une exception.
Voilà pourquoi ce
n'est pas une langue de plus alors que plus de six mille nous
attendent, mais bien une sorte de miracle, une langue dotée
d'un lexique assez européen, certes, mais d'une grammaire plutôt
asiatique, et rationnelle, régulière, largement plus facile
; bref le meilleur candidat à une langue de communication, en
tout cas la seule alternative à l'anglais si l'on omet l'hypocrite
et hypothétique multilinguisme.
Nota : si le qualificatif
de langue miraculeuse vous paraît excessif, sachez que l'apprentissage
de l'espéranto est source d'étonnements et d'émerveillements
; le plaisir, comme pour un bon livre ne doit pas être gâché
! Mais si au contraire, vous souhaitez un apéro, une petite
mise en bouche avant de vous lancer dans la découverte de l'espéranto,
voici.
Par exemple, le choix
des affixes fait par Zamenhof à partir de cinq ou six langues
est étonnant : tous les métiers sont indiqués par le suffixe
-ist, très fréquent en français, comme "flûtiste",
"trapéziste", sauf que nous avons aussi -ier
(charpentier), -on ( maçon), -in (médecin), -eur
(mareyeur), -aire (notaire), -ote (pilote), -ot
(matelot).
Donc : flutisto,
trapezisto, ĉarpentisto, masonisto, kuracisto, fiŝvendisto,
piloto, ŝipisto/maristo.
Un des plus étonnants
pour un français, c'est le couple de suffixes -ig (action
sur autrui ou autre chose) et -iĝ (action sur soi-même).
Le flou français
sur certains verbes tantôt transitifs tantôt intransitifs disparaît
: trinki = boire, trinkigi = faire boire, turni
= tourner, turniĝi = tourner sur soi-même, sur un axe,
se tourner.
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