Questions - réponses sur l'espéranto

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Réponses à quelques lieux communs ou préjugés sur l'espéranto

Quelques éléments de grammaire espéranto

Grammaire de l'espéranto

 

C'est une langue simple, imprécise

       C'est une critique qui étonne toujours les espérantistes, car dans bien des cas l'espéranto est plus précis.

       Il existe en français les mots "condisciple", "compatriote", "coreligionnaire", "confrère", "coéquipier", mais le mot "partisan de la même idée" n'existe pas, alors qu'en espéranto oui, c'est samideano.

       Frate = fraternellement, amike = amicalement, mais l'adverbe kuze, à partir de kuzo = cousin, n'a pas d'équivalent français : il signifierait "cousinement".

       "Elle a embrassé son mari." Oui, mais a-t-elle embrassé son propre mari, ou bien celui de son amie ?.. En espéranto, on fait la distinction : ŝi kisis sian edzon/ ŝi kisis ŝian edzon.

       En français, le mot "chanteur" ne permet pas de savoir s'il s'agit d'un chanteur professionnel ou d'une personne en train de chanter. En espéranto, le suffixe -ist s'applique plus volontiers aux métiers, donc kantisto = "chanteur". Mais en utilisant le participe, on pourra indiquer kantanto, ce qui pourrait se traduire par "chantanteur" !

       Le français est réputé être une langue précise. Et même très précise : on va jusqu'à dire marche à pied, peut-être pour bien préciser qu'on ne fait pas de la randonnée bourgeoise avec des chaussures de marche à 100 euros, avec bulles d'air dans la semelle et massage latéral anti-ampoules, circulation d'air intégrée, mais bien de la vraie marche rustique nu-pieds ?

       Blague à part, l'espéranto n'a rien envier au français quant à la précision.

       C'est une langue simple...

       Voici un extrait du livre "Le défi des langues" de Claude Piron :

       A première vue, ce qui est facile ou simple semble devoir être moins riche que ce qui est compliqué. Nombreux sont ceux qui craignent que la simplicité de l'espéranto ne débouche sur un appauvrissement. Ils commettent l'erreur que ferait un Chinois imaginant qu'avec notre alphabet de 26 lettres nous ne pouvons énoncer aucune des pensées profondes que peut exprimer une langue utilisant des centaines de milliers d'idéogrammes. En fait, ce qui fait la richesse, ce n'est pas le nombre initial d'éléments, ce sont les possibilités de combinaison. La chimie organique nous apprend que tout ce qui vit est composé d'un très petit nombre d'éléments différents. Quelle variété de matières et de formes ces quelques éléments ne permettent-ils pas de produire ! La musique nous donne la même leçon. Les sept notes de la gamme suffisent à écrire des symphonies d'une incomparable beauté.

       Du même auteur, un article très fouillé sur la confusion à éviter entre langue simple (l'espéranto, l'indonésien) et langue rudimentaire (le globish, les sabirs), ainsi que des exemples détaillés dans diverses langues, notamment le chinois : "Une langue simple peut-elle être une langue à part entière?"

       Le Grevisse lui-même reconnaît que "l'imparfait du subjonctif ne s'emploie plus dans la langue parlée, ni dans la langue écrite ordinaire, sauf peut-être dans les deux formes eût et fût La langue écrite en conserve parfois l'emploi dans les verbes avoir et être et à la 3e personne du singulier des autres verbes".

       Je voulais qu'elle écrivît apporte-t-il plus en compréhension que je voulais qu'elle écrive ?

       En style peut-être ? C'est un critère esthétique, subjectif, lié à nos lectures passées. La complexité ne rime pas toujours avec clarté: la preuve, toujours par M. Grevisse :

       Après un conditionnel présent dans la principale, quand le verbe de la subordonnée doit être au subjonctif, il se met au présent ou à l'imparfait.

       J'adore ce passage, je le relis tous les trois-quatre ans, quand je me rends compte que j'ai tout oublié... Mais je vous fais grâce de mon passage préféré, l'accord du participe passé des verbes pronominaux, c'est trop long à taper, car il y a autant d'exceptions que de règles, et M. Grevisse a même gentiment indiqué une règle simplifiée (p. 210, 30e édition), sans doute pour ceux qui, comme moi, n'ont pas compris la règle complète, trop longue.

       Notez bien que j'adore le français, c'est juste que je désespère de l'apprendre correctement malgré les dizaines d'années qui s'accumulent...

       Mon passé simple est du passé, mon passé composé s'est décomposé, mon plus-que-parfait l'est moins qu'il le prétend, et mon futur antérieur est derrière moi ; quant à mon subjonctif plus-que-parfait, j'en avais oublié jusqu'à l'existence. Je l'ai révisé récemment, et j'ai bon espoir de m'en rappeler encore la semaine prochaine et de participer à la dictée de Pivot avant ma retraite.

       J'ai un peu de mal à critiquer la "simplicité" de l'espéranto, ses cinq temps à désinence fixe et ses six participes.