L'espéranto
comme langue auxiliaire
internationale
III
Les résultats de l'enseignement
Le
Secrétariat général a reçu de différents Ministères de l'Instruction
publique des rapports très intéressants sur les résultats obtenus
par renseignement de l'Espéranto dans les écoles. Un mémoire
important lui a été fourni par le Ministère britannique, qui
répondit au questionnaire en envoyant deux rapports préparés
spécialement et indépendamment l'un de l'autre par deux inspecteurs
secondaires du gouvernement de Sa Majesté.
En
raison de la difficulté qu'il y a à reproduire exactement le
sens général du mémoire et des rapports britanniques par le
moyen d'extraits, ces documents ont été imprimés en entier comme
annexe à ce rapport ; une lecture attentive de ces documents
sera instructive (Voir Annexe, n° 3).
Les
rapports que nous avons reçu d'autres Ministères de l'Instruction
publique confirment et accentuent la plupart des observations
faites dans les documents ci-dessus mentionnés (1).
Plusieurs insistent sur la grande influence morale exercée sur
les enfants par la correspondance avec des écoliers d'autres
pays et par l'emploi de l'Espéranto, qui développe chez eux
l'intérêt pour les peuples étrangers, le goût de la géographie
et de l'histoire et souvent même un esprit de service international
et de solidarité humaine, dont on nous a communiqué, d'autre
part, des exemples touchants. Beaucoup d'instituteurs se servent
de la leçon d'Espéranto pour faire aimer aux enfants la Société
des Nations et son grand idéal de paix et de collaboration universelles.
A
la Conférence internationale d'experts qui s'est réunie au Secrétariat,
les représentants d'autorités scolaires écossaises et italiennes
ont fait observer que l'immense majorité des enfants pauvres
ne pouvaient pas espérer étudier dès langues étrangères et que
c'était pour eux une cause de joie et de fierté que de pouvoir
écrire et parler au moins l'Espéranto, qui leur ouvrait des
horizons nouveaux sur le monde. Dans les écoles primaires de
Milan, on fait lire aux enfants des anthologies de fables et
de légendes appartenant aux différents peuples. En Tchécoslovaquie,
les écoliers échangent avec leurs camarades lointains des dessins,
des timbres, des descriptions, des cartes de géographie. Ils
s'expliquent mutuellement l'orthographe de leurs langues maternelles
(Voir Annexe n° 4 : Mémoire de la
Conférence internationale).
Les délégués orientaux ont fait observer que l'Espéranto constituait
pour les élèves de leur pays un type simplifié des langues européennes,
qui leur servait ensuite de clef pour comprendre les autres.
En deux ans, un jeune Chinois apprend l'Espéranto, tandis qu'il
lui en faut six pour apprendre l'anglais, et plus encore pour
étudier le français. Des étudiants envoyés à l'Institut franco-chinois
à Lyon, avec l'Espéranto pour tout bagage, ont pu se mettre
au français très rapidement.
Il
a été, en général, trouvé avantageux de faire enseigner l'Espéranto
dans les dernières années de l'école primaire comme première
langue étrangère. Ainsi, les élèves qui ne peuvent pas continuer
leurs études sont au moins en possession d'une seconde langue
qui pourra leur rendre des services pratiques. Quant à ceux
qui ont les moyens de passer aux écoles secondaires, cette étude
aura permis de mesurer leur capacité pour les langues : ceux
qui en ont pourront aller de l'avant avec l'esprit mieux préparé,
ceux qui n'en ont pas pourront se consacrer à d'autres études
plus conformes à la nature de leurs aptitudes. On aura gagné
du temps dans les deux cas. Telles sont les conclusions auxquelles
est arrivée la Conférence technique internationale des autorités
scolaires.
Quant
aux adultes, les rapports ministériels que nous avons reçus,
constatent que, dans les pays slaves, germaniques et latins,
les cours publics d'Espéranto consistent en général en 20 ou
30 leçons, dans les pays d'Extrême-Orient en 50 ou 60. En Allemagne
et en Espagne, où il y a beaucoup de cours syndicaux, on constate
que des ouvriers manuels, ne connaissant que leur langue maternelle,
arrivent à parler l'Espéranto au bout d'un hiver de travail,
avec deux soirs d'études par semaine. Tout dépend, naturellement,
du degré de zèle et d'intelligence de l'élève. Beaucoup d'espérantistes
ont le tort d'exagérer la facilité de leur langue. Il suffit,
pour être dans la vérité, de constater qu'elle est huit ou dix
fois plus facile qu'une autre langue étrangère et qu'on arrive
à la parler parfaitement sans avoir besoin de s'expatrier. C'est
déjà un résultat très appréciable.
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1. La réponse du Gouvernement
letton au Secrétariat contient les constatations suivantes :
« Par l'étude de l'Espéranto, l'élève apprend la construction
des langues indo-européennes. Étant une langue logique, l'Espéranto
sert, même mieux que la langue latine, au développement de la
pensée logique. Pour que les élèves aient une connaissance suffisante
de l'Espéranto et puissent l'employer dans la pratique, il leur
faut au moins deux leçons par semaine pendant un semestre. Il
a été remarqué que l'étude de l'Espéranto facilitait l'acquisition
de l'allemand, du français et de l'anglais. »
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